J’ai eu l’occasion il y a quelques semaines de vous relater deux étapes majeures, contemplatives et différemment productives de mon trip Montana 2012 en compagnie de mon compère Nico -dit Niakwe-, et de son fils Romain -dit Romzy- : nos sessions sur Earthquake lake et sur Hebgen Lake, deux lacs sur la Madison, cette rivière mythique qui coule d’Est en Ouest depuis le parc du Yellowstone. La Madison, moins connue a priori que la Yellowstone coule sous forme de pocket water -poches d’eau calmes en aval de gros blocs de rochers cassant un fort courant-, puis de riffle …
… -courant assez fort sur un lit de galets assez uniforme- en aval d’Earthquake Lake dans une vallée à l’échelle américaine, une vallée désertique… avec quelques points chauds comme Varney bridge qui fera l’objet d’un prochain article (“partie de riffles en plein désert” prochainement dans vos bacs), et 3$ bridge, dont je vais vous dresser un rapide portrait.A quelques milles en aval du sinistre mais grandiose Earthquake Lake, nous ferons halte un soir à Three dollars bridge (3$ bridge). Plus en aval, vers Varney bridge, c’est le royaume du drift boat, mais la proximité avec la sortie d’Earthquake Lake faisant que l’eau est trop vive, ces barques métalliques typiques des pêcheurs du coin ne commencent leur descente que quelques milles plus en aval de 3$ bridge, et ce n’est pas plus mal.
Première impression de 3$ bridge : nous sommes dans un haut lieu du flyfishing (pêche à la mouche) dans le Montana. Des pick up remplis de pêcheurs débarquent sur le parking avant le fameux pont, tous en total look SIMMS, qu’ils soient vieux grigous ou jeunes loups de la pêche à la mouche. Impressionnant ! 3$ bridge est un lieu à avoir vu dans sa vie de moucheur. Pour moi, c’est fait …
Convergent ici des pêcheurs du monde entier, et ce n’est pas là que vous savourerez une session pêche en toute intimité avec la rivière. La configuration est un courant très rapide, avec de gros blocs de roche (projections d’une ancienne explosion du volcan du Yellowstone), formant des poches d’eau à prospecter à la française (sedge en poils de cervidés), ou avec la technique reine localement : gros indicateur de touche et nymphe plombée. Un repousse moucheur français, mais diablement efficace, de nombreux confrères nous le prouveront, enchaînant les grosses truites farios sans changer de place. L’attractivité du lieu étant ce qu’elle est, se préparer donc à précéder un confrère et à en suivre un autre. Un peu moins au coup du soir, les ricains pêcheurs étant plutôt des couches-tôt.
Peu friands de la grosse artillerie, loin de nos habitudes hexagonales, nous officierons un soir au sedge posé de ci delà dans les poches d’eau (voir un des montages de sedge en poil de cervidés).
Un coup du soir peu productif, mais quel plaisir de poser sa mouche dans un tel cadre, et dans un lieu si réputé ! Nous ferons bien quelques poissons, rien de bien extraordinaire, le principal étant -et c’est mon état d’esprit en ces lieux- d’y avoir été un jour.
Au fait, pourquoi ce nom bizarre de 3$ bridge ? Et bien comme dans beaucoup d’endroits aux USA, l’accès, le passage, l’utilisation est payante, mais non surveillée. Pour se garer au parking, ou pour emprunter le pont à 3 dollars, il faut remplir un formulaire, lui adjoindre la modique somme de … 3 $, glisser le tout dans une enveloppe et déposer cette enveloppe dans une boite/urne prévue à cet effet. Sans contrôle donc. Vous imaginez en France ? Combien de temps l’urne resterait intègre ? Quelle proportion de pêcheurs s’acquitteraient de cette dîme ?
Bref, du monde sur les berges, du monde dans l’eau, surtout de la truite fario, un paysage grandiose, mais une pêche déroutante pour moi qui préfère 1000 fois un bon glide (plat bien lisse) avec de bons gros gobages bien gras, un long bas de ligne et des dérives envoûtantes. La Henry’s Fork que nous visiterons quelques jours après correspondra plus à ces attentes.