6 mai – coup du soir sur la Grande Nive à Louhossoa.
Temps très chaud (25 °C dans la journée, encore chaud le soir). Vent de sud, ciel sans nuages. 1,01 cm d’eau à OSSES (Vigicrue). Eau encore un peu grise.
ça sent le mois de mai, mois de la pêche à la mouche !
De plus en plus d’insectes : petites olives, petites éphémères jaunes. Petits diptères noirs, sedges de tout poil … La tendance depuis quelques jours est à la miniaturisation des insectes (à part chez les sedges).
Et bien entendu, un temps chaud, des insectes, une fin de décrue, un endroit ultra-calme, ça donne quoi ? et bien 3 truites : une de 33, une de 37, et une de …….
… 48 cm, soit mon record 2009 sur la Grande Nive.
Mais la soirée n’a pas commencé par sa fin, donc reprenons depuis le premier posé.
Spot N°1 : une belle truite experte en pêche à la mouche
La fario gobe régulièrement maintenant. De petites éphémères plutôt claires il me semble. Je lui pose une olive sur 16 qui parait énorme par rapport aux insectes dérivants. Immédiatement, malgré une dérive de mon imitation qui me semble acceptable, le poisson stoppe son activité. Elle me fera le coup trois fois et gagnera la partie, je repartirai la queue entre les jambes (c’est heureux penserez-vous, moi aussi). Impossible de la faire monter sur ma mouche. Je l’aurai un jour, pas d’inquiétude. C’est mon anniversaire dans 2 jours (le 8 mai), et j’attends de Saint Pierre qu’il m’affecte une belle truite pour mes 44 ans. Il sait très bien que je les relche et fera un geste, j’en suis sûr. Cette mamie qui fait de la résistance craquera un jour ou l’autre. Un bas de ligne plus long, un mini-sedge en cul de bécasse sur 18 fera l’affaire. Pourquoi pas hier ? Pare ce que je voulais absolument la faire monter sur une olive, ou un spent rouge (séries montées le week end dernier). Je serai plus pragmatique demain. Bref, une truite experte en pêche à la mouche qui doit être de taille vue son expertise et sa discrétion. Un jour, je l’aurai ! …
Direction 30 m plus haut, un secteur avec des habituées.
Spot N°2 : une truite de 33cm très speed
Bon spot suivant en amont : un poisson, peut-être deux sont attablés sur des petites olives. Un poste facile ou l’on peut allonger un peu de soie, sans trop de difficulté au niveau des filets de courant, à condition d’avoir un bas de ligne d’au moins une brasse 1/2 (pour la précision, désolé, mais sachez que je ne suis pas fana du dimensionnement au mm près des pointes de bas de ligne). Après avoir trouvé la bonne distance, je lui fais un bon posé, elle prend sans coup férir. Une excitée qui fera un beau boxon, et se rendra, fière de ses 33 cm. Rapidement décrochée et nokillée, elle doit y être à nouveau ce soir. 2 min après l’avoir décrochée, une autre gobe au même endroit. De bons gobages denses. Impossible de la faire monter. Une mauvaise présentation la fera fuir, ou tout du moins la fera arrêter de gober. D’autres doivent m”attendre en amont, autant aller les honorer…
Spot N°3 : une bordure calme : un bon poste pour une truite de 37 cm
100 m plus haut, une bordure un peu galère d’accès qui m’a offert mon record 2009 il y a quelques semaines. Un niveau plus bas est meilleur sur ce spot. Il y a trop de courant aujourd’hui pour ce coin. Mais ça vaut le coup d’y jeter un oeil.
Bien m’en a pris : un poisson gobe de temps en temps. De petits sedges a priori. Elle gobe tout contre la bordure. C’est l’enfer pour ne pas draguer. Il faudrait une pointe de 3 m pour ne pas draguer et que la mouche pêche suffisamment longtemps pour être gobée. Ma pointe doit faire deux fois moins. Je ferai plusieurs passages horribles en terme de discrétion. Impossible de faire monter un poisson là -dessus.
La truite ne gobe plus. Il faut changer de mouche, la dragueuse est grillée. Je la remplace par un petit cul de canard sur 18, corps rouille, tag en CDC naturel, aile en CDC gris clair.
Posé mou (lancer interrompu pour faire tomber le bas de ligne en paquet), la mouche dérive bien, passe sur la position présumée de la truite. Mais rien. La truite ne gobe pas. La mouche finit sa dérive. GOBAGE ! Cette belle truite de 37 cm était collée contre la bordure.
Ma nouvelle mouche l’a décidé. Elle fera un beau combat, mais moins vaillant que sa jeune soeur de 33 péchée quelques minutes avant. Elle a quand même le droit à un bisou et d’un coup de queue volontaire, repartira vexée, mais certainement soulagée.
Je suis aux anges, deux poissons pour finir cette journée plutôt speed. Une bonne récompense.
Il me reste quelques minutes avant la nuit noire. Noire, façon de parler car on est presque en pleine Lune. Je veux revenir sur mon spot N°1. La belle -ou supposée telle- a du ressortir. J’aimerai lui montrer de quel carbone je me chauffe.
Retour à la case départ au coup du soir … une 48 sur le spot N°1
Après 5 bonnes minutes de descente vers l’aval à travers ronces, bois flottés et passages obligés dans l’eau en wading profond, le tout dans une pénombre de plus en plus … pénombreuse, j’arrive enfin sur mon spot. Heureusement, il est très facile d’accès. Un poisson gobine.
Il fait sombre, cette sombritude lunaire des pré-nuits de presque pleine Lune (pré-nuit, car je respecte bien entendu, comme vous vous en doutez évidemment, les heures légales de pêche …).
Le poisson est à 5 m de moi, plein amont. Un bon lancer courbe avec le bras orienté pour ouvrir la boucle et ça devrait le faire. 10 fois je passerai avec mon petit CDC sur 18. Peine perdue (10 de gagnées :-). Point de gobinage. D’ailleurs, elle ne gobe plus, pas même les vrais insectes. Quels insectes au fait ? Des petites éphémères ? des spents ? … Non mon cher : des sedges ! En effet, le vent chaud qui descend la Nive m’en fait atterrir quelques uns en pleine face. J’aime ces sensations. ça pue le poisson.
Changer de mouche … Heureusement, je me suis doté de passes-fil qui me permettent de palier à une vue déficiante au crépuscule. Je me suis monté une série de sedges en cul de Bécasse (fourni par l’oncle Ursule, anonyme chasseur compréhensif de Cambo) avec colerette en cul de canard (merci à Nono, responsable de coopératives de canard gras dans les Landes). Le cul, il n’y a que ça de vrai. Ce sedge c’est une bécasse et un canard cul-à -cul. Imaginez !
Bref, vendu, je remplace mon cul de canard rouille sur 18 par un sedge cul de bénard (ou de cacasse) sur 14. Nettement plus visible pour l’hypothétique truite qui ne gobe plus. Mais on ne sait jamais, elle pourrait regober. …
j’attends …
…
<lignes vides matérialisant le temps qui s’écoule>
…
elle ne viendra plus.
Vu que je me suis quand même un peu fait chier pour arrimer le sedge, je vais tenter quelques posés. Et au deuxième posé, je vous le donne en mille ? Bingo, un gobage dans le secteur de ma mouche, je ferre d’instinct (on ne voit plus rien). Le poisson est au bout. C’est du gros, du lourd, du dense. Coups de tête. Je tiens ferme. Ma SCIERRA TI+ soie 5, ma pointe ORVIS Mirage 12,7/100e me mettent en confiance. En m’aidant du courant, j’intercepterai la belle dans ma nouvelle épuisette raquette (grande taille sans être excessive, très pratique, ce n’est pas le cas du mètre fourni avec qui dure 3 parties à tout casser -c’est le cas de le dire-, pas plus que le précédent acheté il y a quelques mois de la même marque JMC : de la DAUBE !
La belle fait 48 cm, elle égale mon record de l’année.
quel beau poisson, le même en gros plan :
Trois poissons, une de 48, en 3 heures, sans forcer, en profitant du paysage, des bruits, des odeurs (comme cette odeur végétale entêtante qui apparait à cette période de l’année dans le piémont basque, odeur sur laquelle je ne peux mettre une origine, une odeur de cru, très “verte”,entêtante, presque écoeurante – si vous la reconnaissez …).
Une super partie de pêche à la mouche avec tout : environnement, poissons, météo … merci ma Nive …