Cette fin avril et les 2 premières semaines de mai apportèrent leur lot de poissons, sans que ce soit non plus la folie. Des niveaux hauts, un temps frais, mais de saison. Les mouches qui réussirent furent pour ma part les très classiques olives en CDC sur hameçon de 14, et des oreilles de lièvre/chevreuil sur hameçons de 14 ou 16. Certaines récalcitrantes montèrent sur des “petites merdes” noires, probablement lors des retombées de bibio marci, qui furent nombreuses début mai. Les coups du soir ? Ce ne fut pas encore ça, mais quelques truites actives quand même. Avec en guest-star, la truite-quasimodo !
30 avril soir secteur Itxassou à Louhossoa, berge du chien.
Un coup du soir après le boulot, rien de mieux. Le coucher de soleil commençant à être assez tard, je ne me gène pas, et même si la fatigue est là après une journée de travail remplie comme un œuf, je vais pêcher presque tous les soirs, au moins un peu. En exagérant, rien que le fait d’enfiler mes waders, je lave mon cerveau du speed de la journée. Ce soir, je ne verrai qu’un poisson, au même endroit que la veille. Elle occupe en ce moment une berge discrète, juste en amont d’un gros arbre tombant. Elle m’oblige à l’attaquer par l’aval, et à devoir négocier avec 2 branches tombantes entre elle et moi. Après une dizaine de posés trop à droite, je réussirai un coup rare. Il y a des fois ou la chance est indispensable. Je projette ma soie, mon bas de ligne évite la première branche, mais se pose sur celle derrière. Tout n’est pas perdu car la mouche, elle, se pose bien. Mon olive dérive sur 1 mètre, arrive dans la zone occupée par la truite, et gloups, elle est aspirée. Je ferre malgré le bas de ligne dans la branche, et par chance, grâce à la truite au bout qui assure suffisamment de tension, il ripe et se détache de la branche bienveillante. Le reste du combat sera une formalité. Je suis encore en 5X, un avantage pour abréger les combats. Elle mesure 33 cm, comme hier, et repart bouder après un muxu, comme hier. Je ne ferai plus rien ce soir, mais ça me suffit, je sais ne pas être boulimique à la pêche …surtout quand il y a peu à manger 😉
01 mai après-midi entre Itxassou et Louhossoa
Je remonte cette berge que je connais presque par cœur, je ne m’en lasse pas.
Je poursuis sur cette berge. Le temps est couvert, bruineux, mais rien ne bouge. Il y a quelques olives qui dérivent, mais pas un gobage … Arrivé en fin de cette bordure, je comprendrai : je suis précédé par 2 pêcheurs, et il me semble reconnaître le sympathique Manu (ERREKA Mouche). Je le bypasse avec son pote et redescend sur la Nive 400 m plus loin, sur un coin que je pratique peu. Et comme toujours dans ces moments là , je pêche mieux, suis plus attentif, concentré, aux aguets. Comme un sioux, je remonte cette grande retourne (je descend donc vers l’aval de la Nive, à rebrousse-poil. Mes polarisantes JMC sur le nez, je me fonds dans le chachis pour essayer de distinguer un poisson. Soudain, une sensation. Malgré l’eau un peu trouble et une luminosité en baisse, je crois avoir vu un poisson… En effet, un beau poisson est là , dans un recoin de la retourne (ça se complique). Il y a quelques jours, j’en ai piqué un au même endroit, poisson qui s’est décroché lors du combat. Je réclame vengeance. Comme une mante religieuse, ou un héron, j’approche ma canne et tente de lui proposer ma mouche en lancer arbalète. Trop dur, et je ne peux pas assez bouger. Une seule solution : lui poser ma mouche en amont, après avoir juste sorti 40 ou 50 cm de pointe de mon scion. Si je suis discret, ça peux passer. Et ça passera. Elle voit ma mouche, et comme dans un rêve, vient la gober avant que sa plus petite copine un peu en aval, mais plus contre la berge, ne vienne lui damer le pion. Quel plaisir que ces gobages sous mes yeux, à 2 m de moi, planque dans la végétation. Elle explose à la surface, mais, fort de ma pointe en 5X RIO, je la tiens dans ce recoin et finirai par la glisser dans l’épuisette. Une truite fario de 40 cm, en pleine forme, quoique vexée … Je ne ferai rien de plus, même si j’aurai pu. JE décide de finir ma journée plus en aval, sur l fin du lisse principal. Un gros poisson gobe discrètement, contre la berge. Elle me fera un bon gros refus sur olive, un autre sur oreille de lièvre. Une experte qui détectera la supercherie de mes grossiers posés, et ira se caler, me laissant seul avec ma grossièreté halieutique. Un de mes défauts est d’essayer de faire le maximum sans faire d’efforts, en évitant de tout optimiser. Pas par flemme, mais par défi. Peut être qu’un psy me l’expliquerai, mais je ne prends jamais la meilleure mouche supposée en premier, je ne mets jamais le bas de ligne le plus fin en premier, et pour ajouter un peu de connerie, je n’optimise pas mes premiers lancers. J’aime les handicaps. c’est con, mais c’est comme ça. Donc ce soir, en 5X (donc avec un grosse pointe), je ne ferai pas les efforts qu’il faut pour la séduire … et je ne la séduirai pas .ce soir. Mais un jour je l’aurai. Avec les filles j’étais aussi comme ça. Arriver à les séduire sans forcer, sans être parfait. ça double le plaisir ! Non ?
lundi 05 mai coup du soir entre Itxassou et Louhossoa
Les niveaux sont bon, environ 95 cm d’eau à Osses. Je fonde de gros espoirs sur la fin du lisse qui accueille un beau et difficile poisson qui me met en échec depuis 2 coups du soir. Ce soir, j’ai décidé de faire ce qu’il faut. Une oreille de lièvre sur hameçon de 16, une longue pointe en 6X, et la ferme volonté de bien pêcher, en mettant toutes les chances de mon coté. Super ! elle est là , toujours au même endroit. Elle gobe je ne sais quoi, mais pas les insectes ailés qui dérivent (petits sedges, petites éphémères à corps jaune et olives). Elle prend probablement les spents de trichoptères ou d’éphémères qui dérivent de-ci de là . JE me place travers aval. Elle continue à gober. Il me faudra une dizaine ou vingtaine de posés pour la décider enfin. L’oreille de lièvre montre encore sa capacité de persuasion. C’est un beau poisson. Aucun saut, mais un combat lourd. Un moment, je pense avoir croché une truite moyenne par la nageoire, ce qui décuple sa résistance à ma traction. Mais non, c’est bien une bonne grosse truite, mon record cette année. Un beau mâle de 46 cm. Elle est magnifique, je suis aux anges. A l’heure où j’écris ces lignes, 2 semaines plus tard, elle est encore là , je l’ai vue vendredi dernier. Au même endroit, même comportement, même difficulté à la faire monter. Je l’aurai cette semaine, je l’aurai !
mardi 06 mai coup du soir sur Louhossoa
Encore un petit coup du soir. Arrivé sur site vers 19h30, je ne vais pas m’attarder sur les différents spots. Je remonte donc ma berge fétiche, mais peu de poissons, pas de poissons pour être précis. Vers la fin du parcours, sous une grande frondaison, je m’attarde un peu. Par ces niveaux, il y a toujours de l’activité, mon coup du soir de vendredi dernier (23 mai) le confirmera. Une truite furtive, comme souvent sur ce coin. Pas de gros gobages, mais des froissements. Elle n’est pas postée, mais se ballade dans le calme, le long de la veine principale. Elle prend des olives, c’est une évidence. Je monte une de mes préférées sur hameçon de 14. Quelques mètres de soie sortis de mon moulinet, j’attends qu’elle trahisse sa présence. Rien ne sert de pêcher l’eau sur ces spots. Etre prêt à posé sa mouche dès qu’elle gobera, en estimant son déplacement, c’est la meilleure technique. Quelques minutes et elle se remontre. Je pose mon imitation, et attends. Des secondes qui durent des heures. Je suis presque hypnotisé par ma mouche. La pénombre m’oblige à une grande concentration. Plus rien n’existe que ma mouche, la truite qui se ballade, et mon bras prêt à ferrer. Gobage ! Et pour une fois, bon ferrage. Fort de mon 6X ORVIS Mirage, je la bride à la hussarde. De toute façon, sur ce spot plein de hauts fonds coupants, c’est la seule solution. Si tu tergiverses, tu perds ton poisson, il te coupe en frottant sur les arêtes de roches. Elle glissera dans ma raquette. Qu’elle est laide !! La Quasimodo de la fario ! Un accident de jeunesse, surement une rencontre avec un pêcheur peu précautionneux, lui donne un sourire peu avantageux. Bref, c’est un poisson de 47 cm, 1 cm de plus que lundi dernier. Mon record de l’année. A ce rythme, dans 10 jours, je taperai une truite de 56 cm !!
mercredi coup du soir Louhossoa
Toujours entre Louhossoa et Itxassou, je suis monomaniaque en ce moment. Je remonte la berge, mais pas d’activité. A mi-parcours, un poisson aspire des insectes morts, en toute discrétion. Franchement, des gobages comme ça, si on ne les cherche pas, on ne les trouve pas. Je me positionne, une oreille de lièvre au bout de mon 6X. Cette râpe porte bien son nom. Plus encore par niveau bas (entre 0,95 et 0,92 cm à Ossès), elle est très dangereuse pour nos pontes. La belle continue à gober. Je pose dans son secteur. Une fois, deux fois. trois fois. Là , elle passe bien. La belle la gobe. Ferrage dans le tempo, elle est pendue, et me fonce dessus, repart dans le sens opposé. Les poissons ont souvent des réactions hyper violentes dans peu d’eau. Si je lui laisse du fil, je la perdrai. Je la tiens ferme, mais mon bas de ligne se coince dans une arête de roche. Je vais la perdre .. je l’ai perdue. Casse du 6X, irrémédiable. Ca fait toujours râler de laisser un piercing aux truites. Si au moins elle n’en souffre pas et n’en crève pas, ce sera bien.
Je ferai quand même une 33 cm à l’extrême coup du soir, en aval du parcours. Une soirée bien cool, quoique pas très … productive. Que le Pays Basque est beau au printemps, spécialement au coup du soir.