Quoi de mieux qu’un coup du soir à la mouche après le boulot ?
… deux coups du soir bien sûr !
Le Pays Basque à ceci de bien -comme d’autres endroits d’ailleurs-, c’est de permettre de finir à 19h au boulot -en ville-, et d’être en tenue de lumière, le cul dans la Nive, à surveiller un gobage d’un poisson de 45 cm à 20h. Et encore, ce soir, je suis monté jusque plus haut que St Martin d’Arossa.
A condition d’être bien organisé, bien sûr.
Ces soirées-là , j’ai souvent un peu la flemme. Pas envie de trop crapahuter. La soirée sera riche en surprise et finira tard. Plus tard que prévue …
Arrivée sur les berges de la Nive à Arosa vers 20h …
Le soleil est sur le point de disparaitre derrière les crêtes.
Je suis sûr qu’il y aura une truite. J’aborde les berges avec prudence, évitant de faire craquer les branches sous mes pieds et de montrer quoique ce soit aux truites espérées sur les bordures. Je ne porte pas ma visière qui risque d’être plus identifiable que ma tignasse floue.
La retourne que je veux visiter est maintenant environnée de fougères. C’est parfait pour me dissimuler aux yeux des panthères. Je vais ainsi pouvoir me positionner au plus près pour tenter un lancer arbalète.
Ca y est, je suis au bon endroit … et elle est là , fidèle à mes espérances. Sa taille m’impressionne : au moins un poisson de 45, voire plus.
Elle ne prend pas d’insectes dérivants en surface, mais me semble nympher. Je vais quand même essayer avec une peute, très cohérente dans une retourne (les sedges cherchent à rejoindre les berges).
Là ou ça coince, c’est qu’un lancer arbalète est impossible : trop de vent et passage trop étroit entre la berge et l’arbuste qui me cache partiellement aux yeux de la belle…
Je vais tenter un truc. Un truc que les irlandais pratiquent sur leurs lacs : le dapping.
Je sors 3 m de bas de ligne, le projette par dessus l’arbuste, dans le vent, par un vague lancer arbalète. Reste à jouer avec les variations du vent pour laisser tomber la peute au bon endroit quand le vent aura juger bon l’y amener. Heureusement, il souffle globalement dans la bonne direction.
Canne à la verticale, après quelques arabesques non maitrisées de ma pointe, un souffle puis un léger calme portent la peute à la verticale de l’amont de la belle (qui, postée dans une retourne est en amont de la peute … c’est à n’y rien comprendre ;-). Je baisse immédiatement la canne pour faire choir la peute. Elle tombe 50 cm en amont de la belle mais dérive mal. Je relève la canne, le vent reprend le bas de ligne et le ballade. Quelques secondes plus tard, nouvelle opportunité. Je baisse la canne, la peute retombe à l’eau. La dérive est bonne mais la peute, tirée par le bas de ligne lui-même dans le vent, glisse légèrement vers la berge, puis s’arrête dans le calme. La belle l’a bien vu … se rapproche, monte vers la surface, et gobe ma peute avec toute la délicatesse du poisson sûr de lui, et peu dérangé (ce qui est souvent le cas dans les retournes).
Ferrage impécable. Le poisson est au bout. Quel combat elle fera ! elle me tirera toute la soie dans le gouffre avoisinnant, multipliera les chandelles, repartira encore. Ce poisson doit faire ses 45 ou 50 !
En fait, elle accusera 44 cm. Un poisson magnifique que je retrouverai un de ces jours dans le secteur.
et en gros plan …
Une deuxième partie de coup du soir sous le sceau de l’échec
Je serai fait échec et mat par un magnifique poisson gobant plein courant. Au moins une heure je passerai sur son cas … sans l’élucider.
- Peute : non !
- Olive : … Non !!
- Emergente “loop” de cul de canard : NON !
- …
- Sedge roux en cul de bécasse ? …
- …
- NON ! on te dit ! NON !
- … alors quoi ?
Ben je réaliserai sur la fin que j’ai oublié dans mon offre du jour la fameuse, l’essentielle, l’inimitable … l’oreille de lièvre !
Au premier bon passage, mon oreille de lièvre sera aspirée.
… ferrage loupé, poisson piquoté -comme d’hab-, mais pas accroché !
ça signera la fin de ma partie, qui avait si bien commencé. Point de déception, une super partie, de l’activité pendant les deux heures de pêche.
Une fin de soirée peu ordinaire : je me reconvertirai en cambrioleur de voiture
J’avais rencontré et discuté avec un moucheur durant la soirée : il était dégouté de son après-midi de pêche sans voir vu de gobage. J’en avais même ajouté une couche en lui disant que j’avais fait une truite en arrivant. Je lui avais même indiqué dans quelles circonstances (une retourne) et avec quelle mouche (une peute).
Sorti de la pénombre alors que j’allais rentrer sur Bayonne, mon pêcheur dépité apparait la clope au bec, encore plus dépité que toute à l’heure. Il a laisser les clés de sa voiture et de son appart … dans le coffre de sa voiture. Là o๠ça devient gênant, c’est que sa voiture se referme automatiquement au bout de quelques secondes. Palabres, réflexion … une seule solution : casser une vitre !
La manivelle de ma voiture doit faire l’affaire. Que néni ! 30, 40 coups de manivelle : elle ne bronche pas ! Il faut employer les grands moyens. Les habitants de la vallée doivent commencer à s’inquiéter. Les coups résonnent comme pas permis … la gendarmerie ne va pas tarder. Situation plutà´t gênante !
J’aime ces missions “Mac Gyver” ! Un moucheur en galère, 11 heures du soir, sur la route à Arosa, pleine nuit…. J’ai ma frontale … c’est déjà ça.
Par instinct, j’escalade la butte qui mène aux rails de chemin de fer. Il y a toujours de la ferraille qui traine sur cette ligne que j’emprunte régulièrement pour progresser à pied le long de la Nive. …
Je reviens bientà´t avec deux morceaux de ferraille -un manche et une masse potentiels, et un galet. Le galet me servira à donner à la ferraille la forme qui va bien. Quelques instants plus tard je remet à mon compère un instrument du style “masse articulée”. Je lui laisse la primeur du coup de grà¢ce.
Un coup suffira et la vitre explose. Je n’ai jamais vu quelqu’un aussi heureux devant sa vitre explosée !
23h30 … il est temps de rentrer sur Bayonne .. demain … je bosse .