les moments favorables sont en ce moment réduits à leur portion congrue. La période n’est pas à la pêche à la mouche. Ce qui est bon pour le Pays Basque, sa nature, son agriculture, ses élevages, la contemplation à venir des estivants, …, l’est moins pour la pratique de notre activité de moucheur : 2013, du moins les premiers mois, sera marquée par un niveau de précipitations a priori hors du commun. Et ça a l’air pire dans le Béarn voisin. Nous apprécierons ce surplus ces prochains mois, c’est sûr … Bref, des créneaux rares mais assez fructueux furent possible la semaine passée…
Mercredi, je pus dépuceler ma saison à la faveur d’un pré-coup du soir sur une sortie de quelques olives. Jeudi, pêche impossible. Vendredi … ça peut peut-être le faire. Il fait frisquet, météociel prévoit du vent d’ouest avec de bonnes rafales. Il est 18h30, je passe la Nive à Itxassou en route vers un spot abrité du vent d’ouest.
Il y a de fortes chances de faire un beau capot. 2h et quelques de pêche, avant la nuit, à cette période, avec ce temps,… je suis dubitatif même si … Ne comptant plus les bredouilles, une de plus ou de moins … ça vaut le coup d’essayer quand même. Les beaux jours sont devant nous et les exceptions sont si fréquentes … on vit tous des parties foireuses alors que les conditions étaient nickel, et a contrario, des sessions de pêche acceptables voire fameuses, alors que tous les indicateurs étaient au rouge.
On résume. Aujourd’hui c’est :
- un niveau a priori trop haut : 1,25m à Osses
- une ambiance trop froide (8/9°C)
- des averses de grèle (pas bon ça)
- mais des averses quand même (très bon, ça)
- un moment un peu tardif pour la période, d’autant plus par ce froid
- et que 2h à 2h30 de pêche
J’arrive en aval du lisse … il fait frais, mais je suis couvert … j’ai même pensé à ma ceinture lombaire, faja de circonstance si utile en ce temps de lumbago latent.
La surface est difficilement lisible : veines d’eau plus puissantes que d ‘habitude se croisant et la brouillant , quelques risées compliquant la chose malgré la bonne orientation du spot.
Pourtant, il me semble avoir distingué un froissement à la convergence de deux veines d’eau. Je me concentre sur ce m2 … c’est remonté ! C’est bien un poisson qui aspire les quelques olives qui naviguent encore à cette heure-ci. Mon ennemi le courant peut aussi s’avérer un allié : par exemple en dissimulant les sons et ondes de la progression vers ma cible. Je suis maintenant 5 ou 6 m 3/4 aval gauche de la panthère. Je ne mégotte pas, et c’est avec un bas de ligne 5X que je vais l’attaquer. Les eaux sont encore un peu troubles, très hautes, il fait plutôt sombre, sa relative grosseur ne nuira pas. Une olive sur hameçon de 16 ferme/ouvre la marche. Quelques posés seront nécessaires pour passer comme il faut là où il faut.
Bingo ! elle est montée sur mon artificielle … et pour une fois, je ferre comme il faut …
La pêche à la mouche à quelque fois un coté très mathématique. On applique le théorème, et il se vérifie …
Prise=secteur calme+truite active+bonne imitation+posé discret…+ferrage dans le tempo
Un ferrage temple …
J’ai revu récemment l’extrait d’une corrida d’anthologie durant laquelle José THOMAS, torero mythique, défia 6 taureaux à la suite et atteint des sommets tauromachiques historiques avec Ingrato, son 5ème toro. Les aficionados présents soulignèrent avec quel temple le maestro communia avec ce toro ce jour-là . Le temple, c’est ce rythme qui fait que toro et torero se mettent sur un même rythme, une même longueur d’onde, l’un chargeant doucement, surement et obstinément, l’autre accompagnant la charge sans la brusquer, mais sans la freiner. Et bien modestement, à moindre échelle, c’est quelques fois le sentiment que j’ai au ferrage, quand celui-ci intervient dans la continuité du gobage, dans son tempo, comme si la truite et moi, pourtant aussi protagonistes qu’étrangers, avaient répété 100 fois cette violente communion. Rassurez-vous, loin de moi l’idée de me comparer à José THOMAS, moi le Pierre RICHARD du ferrage, le BOURVIL du strike, le Curro ROMERO des mauvais jours de la pêche à la mouche. Par moment, touché par la grce de St Pierre, je me surprends pourtant comme cette fois-ci à distiller un aussi bon que rare ferrage.
Ce vendredi, ma compagne à nageoire n’était pas de taille comme Ingrato, le toro bravo, elle accusa seulement 31 cm. Mais comme Ingrato, elle fut graciée et pu retourner dans les eaux sombres de la Nive de même qu’Ingrato retourna gracié -fait exceptionnel- dans le toril des arènes de Nîmes pour y digérer le chtiment qu’il venait quand même d’endurer. On ne l’y reprendra plus … pour lui, c’est sûr, il rejoindra son élevage 3 jours après … pour elle … je traîne souvent mes guêtres dans le secteur, mais lui assurerai toujours l’indulto -la vie sauve- à chacune de nos piquantes rencontres.
…
10 minutes plus tard, une autre truite s’activa travers de ma position à la faveur d’un passage un peu plus fourni de ces baetis rhodani qui réveillent ces semaines de début de saison. Une faena plutôt facile et la belle goba ma banderille éphémère avant de retourner comme sa sœur méditer sur les vertus de la fermeture hivernale de la pêche.
Plus en amont, je toréerai un troisième toro une troisième truite un peu plus grosse, à peine (32/33 cm). Elle m’attendait là ou je reçu l’alternative cette saison , deux jours avant.
Ce fut la dernière de la soirée…
Je ne fut pas porté par la foule pour rejoindre mon fidèle Duster, mais plutôt par la légereté du devoir accompli.
Suerte !
NB : Je n’ai pas résisté à l’idée de vous mettre la vidéo d’Ingrato retournant à son élevage. Le no kill d’un des plus grands taureau de combat de ces dernières décennies … cliquez ici
Super Fred continue à nous régaler, j’adore ta comparaison avec Ingrato
beaucoup de similitudes entre la tauromachie et la pêche (à la mouche ou non) … mais un peu plus avec la pêche à la mouche il me semble… la relative élégance du geste y est pour quelque chose je pense
mais pas que …
Merci à toi et à bientôt !