Gulper est un terme répandu dans tous les états unis, et désigne les grosses truites, farios ou arcs, qui se gavent à la surface de duns ou spents de tricos, callibaetis ou PMD (Pale Morning Dun). “Gulp” est l’onomatopée décrivant le bruit que fait le gulper aspirant la friandise ailée. Ce mot serait même né sur Hebgen Lake ! Pour compliquer un peu, les gulpers ne gobinent pas, mais “sippent“, c’est pareil mais ça fait plus … “genre”. Et pour couronner le tout, le gulper ne croise pas sous la surface mais cruise. On résume : nous deviendront fous à pécher Hebgen Lake, le lac où les gulpers sippent … des spinners … Welcome in Montana !!!!
Hebgen Lake, lac majestueux aux portes du parc du Yellowstone
Hebgen lake est un lac de barrage sur la Madison, en aval de sa partie “Yellowstone Park”, à 1 ou 2 miles du bourg typique de West Yellowstone, entrée ouest du parc.
Il possède sur son amont, 3 branches nommées “arm” : le Madison arm où nous pêcherons, le Grayling arm et le South Fork arm. Le cadre y est grandiose, tendance paramount. On est dans le film. Les contreforts des rocheuses dans le fond, de curieuses berges de limon et roche volcanique, recouvertes de conifères dont de npmbreux brûlés par un incendie remontant à 25 ans. Les berges du lac sont constituées de zones marécageuses, tendance tourbe dans les enclaves et retournes, et de flats de gravier volcanique vers les pointes lavées par le peu de courant. La surface y est “glacis” avant que le vent de se lève vers 13h. Un gigantesque miroir pour panorama gigantesque. Magique. Ce doit être le cas une bonne partie de l’été a priori. L’eau y était moyennement claire.
Des millions d’insectes : tricos, PMD’s et Callibaetis … et des humains bizarres
Ce qui surprend tout de suite sur ce lac, ce sont les millions d’insectes dans l’air, et leurs cadavres sur l’eau (les spents ou spinners). Plutôt des petits insectes en cette fin juillet : tricos, PMD’s et Callibaetis. Partout, des libellules, se gavant de ces petites proies. Partout, des oiseaux, bécasses, pélicans, mouettes, hérons … Nico préciserait ça mieux que moi, mais en bref, y’a du people sur le lac.
Quelques humains aussi. De ces humains bizarres plantés dans leur float-tube et dérivant comme d’ énormes trimmers à brochet, ou au commande d’un rutilant “pontoon”, plus classiquement bien installés dans une barque, ou comme nous, en wading, avec la mobilité réduite que l’on peut imaginer.
Une pêche un peu spéciale, déroutante pour des moucheurs habitués aux rivières
La bonne option sur ce lac est de louer un float tube, un pontoon ou une barque chez un des nombreux flyshops de West Yellowstone. Nous aurons heureusement la chance de trouver une pointe et des flats nous mettant à proximité de bandes de gulpers comme nous n’avions jamais imaginé. Par moment, nous eûmes à distance de lancer 10, 15 poissons de plus ou moins 20 inches, probablement quelques 25 également. Des poissons qui se comportent classiquement pour des poissons présents dans un lac, par définition sans, ou avec peu de courant. Ainsi, l’absence de courant ne portant pas les insectes au-dessus de mon bec, je dois me déplacer sous la surface immobile et gober ce que j’y trouve. En bref, les truites cruisent, selon des trajectoires dures à suivre et à anticiper. Allez, une petite vidéo de 3 minutes pour vous faire vivre ses moments :
Nous deviendrons fous … Romain surtout (Romzy, si tu me lis ? … 🙂
Nos premières truites arcs-en-ciel américaines en 2012
Nico cassera 2 poissons avant d’enfin en relcher une. J’aurais plus de chance avec 3 poissons de 18 à 20 inches . Que des arcs. Mes premières grosses arcs sauvages.
Je ferai la première (celle de 20 inches) lors de la première matinée sur le lac, un poisson qui suffit à contenter ma journée de pêche… l’après-midi s’avérant plus décevante pour moi, moins pour mes compères (voir futur article “La Madison down Quake Lake : partie de riffle en plein désert”).
La partie commença mollement, prise de repères. J’avoue avoir été décontenancé. Surface immobile, des spents partout à la surface, pas de courant, chaleur, pas de repères. Ma prospection m’attira vers une petite anse et un gobage sporadique, puis vers une pointe un peu plus loin, pointe abritant un autre moucheur en wading. En y regardant de plus près, je pus même distinguer entre lui et moi un gobage, puis un autre … Le coeur commence à battre … ne te chauffe pas, Fred, il ont tout le temps de croiser ailleurs, le temps que tu arrrives … j’active le pas sur un fond de vase … ne pas faire d’onde, pas de vagues … de toute façon, je suis sûr que le fond va augmenter et que je ne pourrai les atteindre … elles gobent encore, se déplacent, mais sur une zone assez réduite, à une trentaine de mètres de la pointe … je me rapproche … elles gobent toujours …… elles sont à 100 m … s’approcher doucement … je rejoins la berge et fait les derniers mètres dans les hautes herbes … je peux réentrer dans l’eau, elles sont presque à distance de lancer maintenant … le coeur bas la chamade … c’est ça que je suis venu chercher … il est bientôt 11h et une retombée d’insectes a lieu, les gulpers se gavent. Je suis sur un rusty spinner hameçon Partridge SLD barbless de 18, pointe en 6X Rio, soie de 5.
Je m’approche à pas de velours…
Ne pas faire d’onde, ne pas faire d’onde …
Je lancerai de longues minutes, persuadé à chaque posé que c’est le bon … je changerai de mouche plusieurs fois, reviendrait au spent rouge en louant son parachute qui le rend un peu plus visible. Toujours un problème sous ces contrées généreuses : repérer sa mouche parmi les myriades qui dérivent. La Henry’s Fork, la Big Horn et la Missouri river (sur des tricos minuscules- s€™avéreront être pas mal dans le style. Je passe beaucoup de temps à fouetter .. à gauche, à droite, plus loin, moins loin … J’ai le sentiment de mal pêcher, de passer d’un poisson à l’autre en papillonnant. La problématique ? Anticiper la trajectoire d’une truite, lui poser à 3 ou 4 m, qui semblent être la bonne distance par rapport au précédent gobage. Sauf que la plupart du temps, elle gobe à coté, avant, après,d’autre fois elle détourne sa trajectoire erratique et vire à gauche, à droite, ou reviens en arrière. A devenir fou je vous dit ! La plupart du temps, et sur ce posé, j’en suis sûr, elle va venir dessus. Je vois bien mon spent, il est cohérent avec les autres insectes dérivants…. GULP ! c’est sur lui … ferrage ! ancré : je suis ancré à un gulper, un autobus !! Elle me fera un démarrage d€™anthologie, façon bonefish, mais sans aller se rouler au fond ce qui occasionnera deux casses à Niakwe. Elle est toujours au bout Elle faiblit.
Ma SCIERRA TI+ soie de 5 est une sacré briseuse de volonté. Une sacré trique quoi ! Parfaite pour le Montana … dans la mesure où elle est encore intègre (voir article à venir sur la Henry’s Fork river dans l’Idaho). Elle se rend … j’en tremble … elle est magnifique : un obus, une bonite …
Je lui tire le portrait, retarde l’instant de la relche pour savourer quelques instants de plus ce contact, cette vision. Une vraie 20 inches du Montana, sur fond de carte postale… Je l’ai fantasmée, Hebgen lake l’a fait …
Quelques photos de nos 3 matinées sur ce lac :
Nico, et sa première truite sur Hebgen Lake
Mon dernier poisson, 19 inches :