Yvon m’a fait passer il y a quelques temps un article sur l’impact du film “Et au milieu coule une rivière” sur le Montana. Un article en anglais que je me suis fait plaisir de traduire, histoire de m’évader un peu, en me remémorant plein d’images de Big Sky, ce magnifique état du Montana. Pourrions-nous faire la même chose en France ? Non, soyons sérieux. Nous n’avons pas les ingrédients en qualité et quantité. Pourrions-nous nous en inspirer ? Je ne sais pas. La discussion est ouverte. Toujours est-il que je vous laisse avec ces quelques lignes, j’ai essayé d’être le plus fidèle possible avec les propos du journaliste auteur de cet article , si ma traduction est déconnante, je suis preneur de corrections. Le lien vers l’article original est donné en fin d’article.
Réflexion sur le film “Et au milieu coule une rivière” et comment il changea le Montana
NB “Et au milieu coule une rivière” (traduction “A River Runs Through It”)
Patrick Markey, vit à Bozeman, Montana et fut le co-producteur de “Et au milieu coule une rivière”.Il réfléchit sur la façon dont son équipe de tournage collabora avec des experts locaux pour faire le film il y a vingt ans.
“Une rivière, le bruit de l’eau qui coule sur les rochers, les mains d’un vieil homme attachant une mouche à son bas de ligne et le roman de Norman Maclean “Et au milieu coule une rivière” ont changé pour toujours notre état du Montana.” La scène se situe au début du film du même nom, film sur l’histoire de deux frères, du Montana, de leur famille et de la pêche à la mouche.
Cette année marque le 20e anniversaire de la première du film. Ce film a stimulé l’industrie locale de la pêche à la mouche, l’immobilier, le Tourisme, et a attiré l’attention sur la beauté de l’État du Montana et de nos bien-aimées rivières.
Dans le roman, Maclean pêche sur la rivière Blackfoot près de Missoula, mais le film a en fait été tourné en grande partie sur la rivière Gallatin et dans le Sud-ouest du Montana. La raison principale est que la Blackfoot n’était plus aussi vierge et sauvage qu’elle ne le fut autrefois. Selon Patrick Markey, co-producteur du film, “Les coins de pêche de Norman ne sont plus ce qu’ils étaient”. Livingston Montana fut également plus facile que Missoula à transformer en une petite ville de style années 1920.
Donc, Hollywood débarqua dans le Sud-Ouest du Montana, avec les stars que sont Robert Redford, réalisateur et co-producteur du film, et Brad Pitt, qui n’était encore qu’un acteur en herbe.
Des centaines de personnes firent la queue pour essayer de décrocher un rôle de figurant dans le film. Les femmes criaient à la vue de Robert Redford dans les rues. La communauté était en effervescence !
Le journal local “Bozeman Daily Chronicle” titra un jour de 1991 : “Redford affirme que le film peut apporter des changements”. Il avait raison !
«C’était un accident»
C’est Thomas McGuane, romancier vivant à l’est de Livingston, qui fit connaitre le roman à Robert Redford. “Redford me rendait visite et nous parlions de livres occidentaux que nous aimions. Il n’avait pas entendu parler du livre de Norman Maclean, je lui en ai donné un exemplaire et tout partit de là .”
Norman Maclean a écrit le roman, “Et au milieu coule une rivière», ainsi que d’autres histoires à l’ge de 70 ans, fraichement retraité de l’Université de Chicago où il fut professeur. Ses premières tentatives pour fait publier le roman furent un échec. Un éditeur de l’Est des Etats Unis lui reprocha une histoire avec “trop d’arbres”. L’Université de Chicago finalement publia le roman, considéré alors comme un morceau de littérature classique.
Redford, lui ne fut pas géné par l’excès d’arbres dans l’histoire, car après l’avoir lu, il n’eut plus qu’une obsession : le produire.
Impact sur la pêche
En 1991, quand Redford réalisa le film, il dit qu’il espérait qu’il participerait à inciter les gens à préserver le caractère sauvage et libre de cette région et de ces rivières . À bien des égards cela semble s’être produit, concluent un groupe de personnes – Patrick Markey, John Bailey (propriétaire de Fly Shop Dan Bailey), KC Walsh (propriétaire de Simms Fishing Products), et Dudley Lutton (qui travaille au développement économique loca) -, réunis récemment pour discuter du film.
D’une part, le fait que le film ne put pas être tourné sur la rivière Blackfoot mis en évidence ses problèmes d’exploitation forestière, d’exploitation minière, et de dégradation de son environnement.
“Les gens dans le milieu de la pêche à la mouche étaient au courant que l’environnement de la rivière Blackfoot était devenu catastrophique”, déclara John Bailey, propriétaire d’un magasin de pêche à la mouche légendaire à Livingston.
«Maintenant, la pêche y est redevenue viable”, déclara Markey. “Le film fut le déclencheur du changement des mentalités”
Certains reprochent au film d’avoir contribué à trop faire connaitre les espaces sauvages et les rivières du Montana en induisant un afflux trop important de pêcheurs non-locaux. “Certaines personnes disent que nous avons contribué à dégrader le Montana», dit Markey. «La croissance fait peur. Elle bénéficie cependant à beaucoup de monde. ”
KC Walsh (ci-contre à droite) se faisant l’echo du monde de l’industrie de la pêche à la mouche a déclaré que “le film”, fut assurement bénéfique pour son entreprise Simms. En fait, lors d’une réunion récente, il poussa même Patrick Markey à produire un autre film.
KC Walsh indique que chaque nouveau pêcheur à la mouche devient un ardent défenseur des rivières fraiches, propres et propices au développement des truites.
John Bailey dit que les femmes ont été touchées par l’aspect esthétique du film et depuis, se sont mises à la pêche à la mouche pour son élégance. “Brad (Pitt) nous a aidé», a-t-il ajouté. Il a poussé des femmes qui n’auraient jamais souhaité tenir une canne à mouche auparavant.”
Hollywood dans le Montana
Pour devenir aussi populaire et aimé, le film devait être juste – et cela n’a pas été facile. Quand l’équipe s’installa à Livingston, les habitants furent d’abord sceptiques. “Qu’est-ce que ces types d’Hollywood peuvent savoir de la pêche à la mouche ?. Ils vont surement se planter “sur toute la ligne”.
Conscient de cette attitude, les cinéastes ont proposé que tous ceux qui avaient quelque chose à apporter en termes d’amélioration de leur connaissance ou de leur compétence “pêche à la mouche” se fassent connaitre. Orvis leur envoya un camion de matériel. Un homme d’Hamilton apporta un poisson mécanique qui pouvait simuler une vraie truite combattant au bout d’une ligne et sautant hors de l’eau.
“Pour moi ce fut la preuve que tout le monde dans l’industrie, petite et grande, voulait être impliqué dans le projet “, affirma Patrick Markey. L’équipe de production demanda également à John Bailey (ci-contre à gauche) de servir de consultant pêche à la mouche. Bailey passa 10 jours à pêcher avec Brad Pitt et Craig Sheffer, qui joua le rôle de Norman “pêcheur à la mouche” dans le film. Sa présence permis de s’assurer que les moments de pêche à la mouche dans le film avaient bien l’air authentiques et cohérents.
Chaque jour, après le tournage, l’équipe regardait les scènes tournées ce jour-là . Un jour, après avoir vu les scènes “pêche à la mouche” tournées dans la journée, Bailey et son ami décidèrent de ne plus voir associé leurs noms au film et de quiter l’équipe. Les scènes de pêche à la mouche étaient horribles. Comme s’il avait lu dans leur esprit, Redford se dirigea vers eux et déclara: “C’était horrible !”. Ils retournèrent toutes les scènes.
À un moment donné, les cinéastes furent à la recherche de pêcheurs à la mouche pour doubler des acteurs. Des dizaines de personnes se proposèrent. Seul un vieil homme décrocha un rôle, celui du vieux Norman, au début et à la fin du film. “Il était sorti de nulle part”, déclara Markey sur ce vieil homme. “Il fit tout parfaitement. Il avait un visage bouleversant. “. Il avait juste l’élégance nécessaire pour ce film.
Patrick Markey savaient qu’ils devaient rendre les scènes de pêche à la mouche les plus authentiques possibles, ou le film décevrait immédiatement son public. Une fois les scènes “pêche à la mouche” tournées, il pourrait commencer à tourner les autres scènes du film. «La plupart des gens pensent que c’est un film sur la pêche à la mouche”, dit-il. «Mais ce n’est pas cas. C’est un film sur une famille. ”
La transformation de Livingston
L’équipe de tournage transforma Livingston. De fausses façades furent construites sur les commerces de Callender street pour qu’ils cadrent avec l’époque.
Les Routes bitumées furent recouvertes de gravier. Les chevaux et fiacres remplacèrent les voitures.
Des mères de Livingston biens sous tout rapport échangèrent leur activité quotidienne contre un déguisement de prostituée des années 1920, sollicitant les clients du haut de leur balcon.
Vann Gravage, jeune habitant de Livngston, qui avait alors 6 ou 7 ans (ci-contre à gauche), décrocha le rôle du jeune Paul Maclean. Il relate que chaque enfant de la ville essaya de décrocher ce rôle.
Lors du casting, Vann Gravage, maintenant agé de 26 ans, se souvient qu’on lui avait demandé ce qu’il voudrait faire plus tard. “Je veux être un escrimeur professionnel !», avait-il répondu. Peut-être que cette réponse lui ouvrit le rôle. Dans le film, Paul dit à son frère Norman, qu’il voulait être un professionnel de la pêche à la mouche. “ça n’existe pas !” lui répondit Norman.
Finalement, l”équipe de tournage quitta le Montana, et avec eux, disparurent les façades des années 1920, les acteurs, et le buzz. Pourtant, leur présence eut un impact qui se fait encore sentir aujourd’hui…
Impacts
“le film créa un énorme engouement pour le Montana « affirme Lutton. «Une grande attirance pour le Montana. Les gens furent enthousiasmés par notre état. “. Après la sortie du film, les gens commencérent à contacter Lutton désireux de venir vivre dans un ranch du Montana, quelque part au bord de l’eau. Michelle Becker, agent immobilier et propriétaire de Maverick Realty, relate qu’il y eut un regain d’intérêt et les prix de l’immobilier grimpèrent. «Exporter la beauté du Montana dans un film qui remporta l’Academy Award de la meilleure photographie … fut vraiment un joli coup », dit-elle.
Eric Ossorio, autre agent immobilier du Big Sky (ndlr :”du Montana”), dit que l’impact du film est en déclin mais toujours significatif. «Ce film fut une fondation ” dit-il “Les choses se sont construites sur cette base.”
Justin King, propriétaire de Troutfitters Montana à Bozeman, dit que le film a modifié la région. “D’un point de vue propriétaire de magasin d’articles de pêche à la mouche, c’est une bonne chose pour les affaires. Mais en tant que gamin du coin qui a grandi sur la rivière, j’ai du aussi du passer de “on peut pêcher n’importe où, seul avec soi-même !” à “on doit se lever tôt et être au bord de l’eau avant tout le monde !”. De temps en temps, il dit que les clients demandent encore à pêcher là où le film a été tourné. Les guides les amènent au Brad Pitt Rock, rocher derrière lequel l’acteur lança et toucha une grosse truite dans le film.
En plus de répercussions sur la pêche, la production a également contribué à la naissance d’une industrie cinématographique qui couvait dans le Montana et a initié un changement démographique. Le Ministère du Commerce du Montana parle même de syndrome “Et au milieu coule une rivière”.
Marissa Kozel, porte-parole du ministère affirme qu’elle n’a pas de difficulté à montrer l’impact économique du film sur l’Etat, mais que l’impact financier sur le Montana a été sans commune mesure avec l’immense valeur acquise en termes d’image et de promotion. “. «Le film donne une image emblématique du Montana et il a attiré au fil des ans de nombreux visiteurs de tous les coins du monde, même d’autres cinéastes, “dit-elle. “Il a profondément marqué tout le monde de façon indélébile. Il attire beaucoup de monde.”
Kelly Pohl est la directrice du programme d’aménagement foncier de la vallée de Gallatin et habitante de Bozeman. Elle a écrit dans une récente Chronique que le film “A changé pour toujours” sa ville natale. Les impacts, écrit-elle, n’ont pas été que positifs.
L’héritage de Norman
Norman Maclean est décédé en 1990, il n’a jamais pu voir le film basé sur son roman. S’il avait pu, qu’aurait-il pensé du film, son succès et ses impacts? “Il serait sans doute mitigé” a déclaré sa fille Jean Maclean Snyder dans une récente interview.
“Norman Maclean aurait sans doute eu des réactions mi-figue mi-raisin – déçu par certaines parties et emballé par d’autres” pense son fils John Maclean.
Ni sa fille ni son fils ne peuvent dire avec certitude ce qu’il en penserait, mais ils ont certainement leurs propres points de vue du film.
Jean Maclean, devenue avocate, pense que c’est un grand film et apprécie le travail de Redford. “J’ai beaucoup aimé les très belles images sur l’art du lancer de la pêche à la mouche et la manière dont le Montana est mis en valeur. Il est présenté de si belle façon!” dit-elle.
John Maclean (ci-contre à droite), écrivain, ancien journaliste et pêcheur à la mouche, déclare que l’industrie de la pêche a explosé après le film. “Il a été le film sur la pêche à la mouche le plus séduisant jamais réalisé”, déclare-t-il. «Dans la première année après sa sortie, l’industrie touristique de la pêche à la mouche a augmenté son chiffe d’afaires de 60%, et l’année suivante par un autre 60% !”
Il se souvient avoir vu des gens sur la rivière Missouri, venus d’endroits aussi éloignés que le Japon, habillés comme ceux portés dans “A River Runs Through It.”
John est également membre de Trout Unlimited (ndlr : fondation oeuvrant pour la préservation des rivières à truites du nord-ouest des USA), et il affirme que pendant des années après le film, l’organisation eut du mal à lever des fonds pour toute autre rivière que la Blackfoot. L’effet fut très profond,” décclare-t-il. L’affluence sur la Blackfoot finalement le chassa de sa rivière, il n’y pêche plus qu’en début et fin de saison. John vit maintenant dans l’Est des Etats Unis, et constate que, parmi les pêcheurs, «Grace au film, le livre est devenu leur Bible !”
Parlant récemment de leur père, John et Jean se souviennent d’un homme qui vécut dans deux mondes différents – Chicago et le Montana -, il y était deux hommes différents. À Chicago, il avait une connection intellectuelle avec le Monde. Dans le Montana, il était en connexion avec le réel, dit Jean. Cette ambivalence fut importante pour lui.
“C’était un merveilleux compagnon de pêche !” dit John. “J’ai aimé la pêche avec lui plus que tout ce que j’ai pu vivre. Il savait restrancrire la magie, et apporter beauté, grce et héroà¯sme à cette épopée . Il savait vous magnifier, comme si vous étiez un chapitre d’un merveilleux morceau de littérature, comme si vous étiez une Å“uvre d’art.”. Deux décennies après le film “A River Runs Through It” est toujours considéré comme un chef d’oeuvre, et grace à la publication du roman, les mots de Norman continuent à vivre. “Je serai tenté de dire que cette histoire est magique,” dit John. “La légende ne s’est pas éteinte. Il est mort, mais comme un vieux feu, il brà»le plus profond encore. ”
Parution le 26/02/2012 dans le Bozeman Daily Chronicle, article de ARLY FLANDRO (http://www.bozemandailychronicle.com/news/article_b07d873c-6039-11e1-b043-001871e3ce6c.html), traduction Frédéric PERES 😉
Merci, mille merci à Fred pour cette traduction qui donne un nouvel éclairage à nous, simples spectateurs
du film.Merci également à R.Redford
d’avoir su magnifier notre loisir favori: la pêche à la mouche.
Salut Fred,
J’ai perdu tout mon répertoire mail et ton adresse. Tu peux me l’envoyer par mail ?
J’ai un truc à te demander par rapport à cet article.
Merci – pierre