La Big Horn n’est pas une rivière à truite. Elle court dans le désert après être sortie de canyons magnifiques en pleine “réserve” indienne. Quel vilain mot que “réserve”. Très évocateur pourtant. Dame nature n’avait pas prévu le statut de rivière avec une des plus grosse densité de truites du monde pour la Big Horn. Jusqu’au jour ou il fut décidé de créer un système favorable à l’épanouissement de dames fario et rainbow. Et ce fut l’explosion … Nous tombmes sur quelques jours de folie, la folie des PMD’s, les pale morning duns des ricains, notre grise à corps jaune …
Comment une rivière dans le désert devient un torrent frais
Frais, et constant toute l’année. L’homme changea complètement le destin de cette rivière. Par certains cotés, je n’aime pas ce coté interventionniste, dominateur de l’homme qui change ainsi la nature d’un court d’eau. Mais a contrario, le résultat est bluffant, a dynamisé l’économie locale, et globalement créé la vie … une autre vie … Toute l’année, avec sa température constante, ou presque, la Big Horn offre des conditions de fraîcheur, tout en étant très nutritive, très favorables à la vie des insectes aquatiques. Toute l’année se succèdent de massives éclosions, qui profitent aux truites, bien entendu.
Un premier barrage ferme la rivière à la sortie du canyon formant un gigantesque lac extrêmement profond, 150 m au pied du barrage.
Le flux est ainsi capté au pied du barrage -donc très froid et à température constante toute l’année, et va se décanter et se réchauffer en aval dans un grand lac moins profond, fermé par le dam. L’eau est ensuite déversée dans le lit de la Big Horn “courante”, à température quasi constante toute l’année. Pour se faire une idée, une rivière de la largeur de la grande Nive à Cambo. Avec juste un peu plus de poissons … Les conditions y sont favorables sur la dizaine de premiers km. Toute l’année … Même en plein hiver, sous la neige, la pêche peut y être fantastique … La Big Horn est ce qu’on appelle une tailwater dam river …
La pêche sur la Big Horn river
Je ne me souviens plus précisément de la “législation”, mais il me semble que le no kill y est obligatoire. Un pêcheur peu accueillant nous ont même reproché de pêcheur trop léger, induisant des combats trop longs, et un taux de mortalité accru chez nos poissons relchés. Bref … Les truites qui y vivent sont elles de souche (l’amont de la Big Horn) ? j’en doute … donc de l’empoissonnement ? oui, certainement … Nous avons aussi vu beaucoup de poissons morts, L’effet canicule et mois d’août ? oui, accumulé avec le no kill et des conditions de relche limites ? oui, surement aussi. De nombreuses truites pêchées avaient une robe … limite .. avec des pertes d’écaille notamment. Ci-bas la plus grosse faite par … Romzy bien entendu, dans un brs secondaire avec 50 cm d’eau, au nez et à la barbe d’une armée de nympheurs un peu distants.
Surement un effet e la canicule qui tue l’Ouest et le middle west cet été Du jamais vu depuis des décennies. Pet-être aussi un taux de prises en no kill majeur, ces pertes d’écaille étant liées aux manipulations peu respectueuses des nokilleurs.
La population de truites y subit donc une pression de pêche très forte, mais en no kill a priori. Les américains y pratiquent peu le wading, mais surtout la dérive en drift boat, en float tube ou en “puntoon”. Ils pêchent en nymphe, avec un train de nymphes souvent, et un gros indicateur de touche pouvant aller jusqu’à une sorte de mini-buldo. C’est dire que nous apparaissons un peu comme des OVNI avec notre pêche en sèche upstream ou travers.
3 frenchies en transe halieutique
Pour faire bref, nous fumes confrontés à quelques retombées de spents dès le matin, suivies d’éclosions énormes de petites éphémères à ailes gris clair et au corps jaune : les pale morning duns.
Des éclosions denses, continues, toute la journée à partir de 11 heures du mat. Des sessions durèrent plus de 10 heures. En plein soleil, par 40 °C, sans ombre. L’enfer. Mais le jeu en valait la chandelle. Imaginez un tombeur moyen, qui se retrouve d’un coup de baguette magique dans la peau d’un Dujardin dans une boite branchée de Los Angeles … Et bien c’était comme ça … J’y ai fait des journées avec plus de poissons de plus de 42 cm qu’en une saison de Nive au Pays Basque. Des journées à plus de 30 ou 40 truites. Pêcher 40 truites, peut-être plus, dans la journée … Des périodes dans la journée à passer plus de temps avec un poisson pendu qu’à les chercher. Du délire.
Le soleil en catalyseur, nous tombmes en transe halieutique. Et Romzy ne donna pas sa part au chien : encore une ! 8 heures du soir, 50 truites à son actif … encore une .?.. fada !! Une boulimie de gobages, de posés, de ferrages, combats … Des poissons de 45/48 à profusion …
Les truites étaient partout, des truites qui remontent le courant en extrême bordure, dans très peu d’eau … d’autres plein courant entre les bancs d’algue. Par moment, la rivière était barrée par une armada de truites comme la ligne de défense de l’Aviron. La bonne mouche et une bonne présentation et ça montait …
Quelques truites un peu bizarres … avec des stigmates d’anciens combats …
ou de race un peu bizarre .. avec une petite tête disproportionnée avec le corps. Une croissance trop rapide pour cause de boulimie toute l’année ?
De très gros poissons dans peu d’eau
Curieusement, nous péchmes de nombreuses truites dans très peu d’eau, que ce soit sur les bordures ou dans des bras de la rivière, Les deux plus gros de la Big Horn, une arc pour Romzy et une fario pour Nico le furent dans un petit bras avec 50 cm d’eau maximum.
Surement des spots délaissés par nos confrères américains avec leur pêche au bouchon.
Le voilier cul de canard gris à corps jaune comme clé de la réussite
Fut-ce très facile? Oui, une fois identifié la mouche du moment… et avec une présentation minimale. Pas aussi exigeantes que sur la Henry’s Fork, mais un minimum quand même. Nos voiliers en culs de canard se révélèrent parfaits, le top de l’imitation. Cerques en pardo, corps en soie de montage jaune sale, léger thorax et dubbing jaune sale, ailes séparées ou non en cul de canard gris clair, tête jaune. Le tout monté sur un tiemco 103 BL 15 ou 17 ou un Partridge SLD, 14 16 ou 18. Le rythme effréné de nos journées me contraint à monter des séries de mouches le matin à l’arrache, sur la table encore pleine des reliefs du petit déjeuner, ou bien le soir, entre minuit et 1 heure du mat, à la frontale, sur mon atelier-carton-mobile installé dans notre voiture, avec la compagnie des moustiques d’élite de la Big Horn et des hurlements de chacal dans le lointain tout proche ;-). Une lecture de la “mouche du moment” donc plus facile que sur la Henry’s Fork dont les truites sont si versatiles. J’eu en effet 2 jours avec trop de casses. 10 casses peut-être par jour … Donc perte de nombreuses mouches … et 10 truites potentiellement … gênées … pour quelle mortalité ? pas neutre, mais pas trop importante j’espère.
Pourquoi tant de casses au ferrage ? … Des motifs techniques ? de tension induisant des ferrages appuyés ? un peu des deux ? Il est vrai que ma canne, une Scierra TI+ #5, déjà plutà´t raide de naissance, venait de subir quelques jours plus tà´t un vol plané depuis le toit de notre auto, la réduisant de quelques cm, en raffermissant encore un peu plus l’action. Sur pointe 6X … la mesure, et une certaine délicatesse dans le ferrage sont en effet de rigueur. Ma canne ne me facilita pas la tche.
les coups du soir moins faciles
J’eu par contre quelques difficultés au coup du soir.
Le soir de notre arrivée fut même catastrophique pour moi. Des poissons partout, et impossible de les faire monter, faute de concentration et d’avoir identifié la bonne mouche. Globalement, le soir c’était plus spent rouge ou jaune que sedge, mais pas tous les soirs. Je fis quand même quelques poissons sur sedge cul de canard gris… mais rien à voir avec la boulimie de la journée.
Mon gros défaut ressortait en fait le soir : mon incapacité à me concentrer sur un poisson difficile alors qu’il y en a 10 à portée de soie en train de gober. Et comme ils étaient tous difficiles le soir, je passais mon temps à papillonner autour de moi, sans aucune efficacité. A trop se disperser …
L’équipement contre le soleil sur la Big Horn
- une gourde filtrante pour pouvoir disposer des nécessaires 3, 4 litres d’eau fraîche toute la journée, sans pour autant être chargé
- écran total visage, cou (++) oreilles (++), mains (++), à renouveler toutes les 2 heures environ. J’ai consommé 2 tubes en 3 semaines
- chapeau conseillé, visière pas idéale (haut du crane cuit), casquette pas assez couvrante
- les pêchers prévoyants la-bas, et les guides, se protègent avec des tours de cous/cagoules, les fameux buff et avec des mitaines adaptées à ces conditions. Je ne comprenait pas pourquoi … Les sessions sur la Henrys’s Fork ou la Big Horn m’ouvrirent les yeux. Nous sommes en montagne, l’air est pur, le soleil cogne, 2012, année de grosse canicule … Les guides de pêche du Montana, de l’Idaho et d’ailleurs dans les Rocheuses émigrent souvent vers la floride durant l’hiver pour y retrouver tarpons et snooks … Ils conservent naturellement leurs protections contre le soleil tropical durant leur saison dans les “rockies”.
- et en plus de tout ça … une immersion régulière du haut du corps dans l’eau fraîche pour faire descendre la température. Le top qui m’a évité l’insolation. Mes camarades devant avoir des gènes de chameaux, ils semblèrent moins souffrir que moi du four ambiant.
Place au dernier challenge de notre trip : la Missouri river
Quatre jours à ce rythme et nous eûmes presque une indigestion de poisson. Place au dernier challenge de notre trip : la Missouri river, à l’autre bout du Montana. 6 ou 7 heures de route, une paille à l’échelle américaine. La Missouri river nous proposa des conditions radicalement différentes. Fini les PMD, place au tricos, aux imitations sur hameçon de 20 qui paraissent trop grosses. Place au grosses arcs de la Missouri (prononcez “Mézorwé”), article en ligne dans quelque jours …
J’ai suivi ts les reportages avec plaisir et envie. Beau travail.
merci Michel … si ça peut servir et faire voyager un peu .. Bonne ouverture !