“Et au milieu coule une rivière ” … ces quelques mots, nous le savons tous, titillent l’imaginaire même aux non-pêcheurs. Un film qui a marqué tout le monde, et spécialement les malades monomaniaques que nous sommes. Le scénario, et surtout le roman de Norman Mc Lean dont il est issu, situe l’action à Missoula et sur la Blackfoot river. En réalité, le tournage eut lieu à Livingston et sur la toute proche Gallatin, un affluent de la Yellowstone qui prend sa source dans les sommets à l’ouest du Parc du Yellowstone. Une rivière magnifique qui présente différentes configuration à mesure qu’on la remonte. Elle propose une configuration riffle entre Bozeman et l’entrée du canyon, gros torrent dans le canyon, ou meadow dans sa partie haute à son entrée dans le parc. Un amour de rivière. La première des 8 ou 9 rivières que nous challengerons pendant notre séjour de pêche à la mouche dans le Montana, l’Idaho et le Wyoming …
Bozeman, Montana … capitale de la pêche à la mouche ?
Nous avons donc atterri hier à Bozeman et avons passé la nuit dans un hôtel proche, après le nécessaire Burger King. Après un pantagruélique breakfast, une halte nécessaire chez River Edge Bozeman, un excellent flyshop tout proche ( voir la carte ), pour y prendre le permis Montana, en route sur la Gallatin Road pour le secteur “Madison”, à l’orée du Parc du Yellowstone. La route longe la Gallatin depuis quelques km … euhhhh miles ! La Gallatin, celle choisie par Robert Redford, celle que l’on a tous voulu un jour cotoyer, est là , quelque part à ma droite, à queques centaines de mètres de la route. Nous ne pouvons résister. Nous devons pouvoir faire une petite partie sans compromettre le coup du soir sur la Madison ni les courses initiales de début de séjour dans la bourgade de West Yellowstone.. Après une fausse piste, nous trouvons un fishing access avant le canyon. Je suis fébrile, mes premiers contacts avec une rivière américaine, en plein coeur de la mecque de la pêche à la mouche. Vous imaginez ? Tout est ok, pensé depuis des semaines. Gopro sur la tête, soie de 5, Yellow stimulator, tout est ok. Direction le lit de la Gallatin. Je suis presque intimidé … Nous longeons vers l’aval, pour laisser tranquille un ou deux pêcheurs.
Il doit être environ midi, plein soleil, nous sommes dans une zone désertique, sèche, roussie par 4 mois de canicule sans précipitations. Le Montana est grillé …
Je file un peu plus bas que Nico et Romain pour faire connaissance. J’ai besoin de mes repères : un courant amorti le long d’une berge convexe, sombre, profonde et boisée … comme sur la Nive quoi …
Mes premiers posés sont tendus. Mes nerfs, pas la soie !!
Mes premiers posés “comme sur la Nive” ne donneront rien. Elles ne se battent pas pour gober ma mouche, un yellow stimulator sur hameçon de 12, comme je pouvais naïvement l’espérer. Rien … rien le long de cette berge pourtant prometteuse.
Petit à petit, je comprendrai que je ne suis pas sur la Nive … Les arcs sont plutôt plein courant, dans la veine d’eau principale. Je suis sur une zone riffle juste en aval d’une accélération. Rapidement, je toucherai un petit poisson, une petite arc en ciel, ma première bow américaine … Je la félicite pour s chance, et relche donc mon premier poisson pêché aux Etats-Unis. Putain ! On se sent un autre homme quand on l’a enfin fait !!! Non je déconne … mais content quand même.
Je resterai une heure sur ce courant à faire quelques petites arcs, à en louper autant, et à faire ma seule et unique cutthroat du séjour. Une petite de 25/30 cm. Si j’avais su que ce serait la dernière, j’aurais fait une photo plus appliquée :
Je rejoindrai Nico et Romain qui se sont amusés sur un riffle un peu plus haut. Nico y fera la première vraie arc du séjour :
Romain après quelques déboires si je me souviens bien (une belle cassée ou décrochée je crois) tentera de faire monter un ou deux poissons vus le long de notre chemin retour, mais en vain.
Le plus important pour ce premier contact est de se préchauffer, faire tomber la pression “de la première fois”. Le primordial est de retrouver les bruits de la rivière et les quatre temps du lancer, et l’espoir qu’une truite se lèvera. Savourer le moment où peu à peu tout se fond en un. Et se laisser doucement hanter par ces eaux…