Semaine à 200/heure, j’ai besoin de me ressourcer …
… et la Nive est un bon endroit pour ça. Après une conférence très sympa ce matin pour le compte du groupe jeunes de la fédération BTP des Pyrénées atlantiques, et un rapide déjeuner-boulot, ultime ligne droite de la semaine, j’ai besoin de remettre les compteurs à zéro. La première RTT de l’année arrive à point nommé. Il me faut recharger les accus qui commencent à passer dans la zone rouge. 6 mois très denses rofessionnellement, évidemment sans pêche à la mouche, sans crapahutage dans la nature, sans air frais du piémont basque, mais plutôt orientés rugby, canapé, ordi, et montage de mouches … J’ai besoin d’une première vraie partie de pêche, d’un bon après-midi entier, avec un peu de soleil, quelques gobages et au moins un poisson … ça me suffira …
Que tes voeux soient exaucés mon très cher Fred !!
14h15, je savoure cet après-midi printanier en aval de ce grand lisse de la Grande Nive
14h15, c’est un peu tard a priori. Les éclosions d’olives ont-elles déjà eu lieu ? … je ne pense pas. Le temps est plutôt beau (15 à 18°C), avec pas mal de nuages sans pluie, et plutôt calme, sans vent. Les eaux sont très basses (0,67 m à Ossès chez Vigicrue), assez claires, mais toujours avec cette foutue mousse blanche à la surface, pollution a priori, qui s’agglutine dans les retournes, y compris plus haut sur la Nive comme malheureusement le constate aussi LAKA. Les niveaux d’eau très faibles, avec la pollution habituelle, récurrente, admise (vous savez, celle que tout le monde trouve normale) doivent suffire. Vivement de bonnes pluies (que je subirai dimanche soir sur l’autoroute de retour du Béarn, mais qui n’affecteront pas la Nive apparemment).
…
14h30 … un ou deux poissons se manifestent à 10 m en amont de moi, sur les rares éphémères qui dévalent. Un peu gourd, je les effaroucherait, probablement par un lancer trop proches d’eux. Les prochaines seront les bonnes, je ne m’inquiète pas …
… je m’inquiète d’autant moins que j’ai déjà repéré la candidate suivante, ou plutôt les candidates. Sur un spot que je connais bien pour y avoir fait de gros poissons les années précédentes, elles s’activent bruyamment sur les olives qui dérivent. Impossible de les attaquer par le travers, ce sera dont par le plein aval, avec la difficulté de ne pas faire comme avec les précédentes.
Il faut donc un posé discret, avec une trajectoire posant la soie à au moins une brasse travers de la truite, en incurvant le bas de ligne pour ne faire passer que la mouche dans son champ de vision… jouable …
je mise … rien ne va plus … elle ne gobe pas … peut-être un peu plus à gauche … faites vos jeux ! … je remise … rien ne va plus … bingo ! elle gobe mon olive cul de canard … ferrage “dans le tempo”, elle est au bout !
Un bref combat et elle glissera dans ma raquette. Un beau poisson, de 40 cm tout rond. Pas un monstre, mais amplement suffisant pour me combler.
14h45, ma semaine est oubliée, la mémoire centrale a été vidée, les programmes résidents de type “boulot” ont été effacés et remplacés pas les programmes “environnement pêche à la mouche 2012.0”. Et un poisson de 40 cm suffit largement pour réinitialiser tout ça.
Dois-je préciser qu’il sera relché ? Quel sadique ce Fred …
Un pêcheur encore un peu maladroit …
Je remonterai cette bordure jusqu’au soir, sans trop de succès. Je rencontrerai quelques trois ou quatre poissons au gobage, mais encore un peu maladroit ou peu discret et je ne ferai plus rien. Presque plus rien …
A ma décharge, il n’y a presque plus d’insectes, les eaux sont très fines et très basses, et l’approche des truites s’en trouve très délicate. Trop délicate pour un pêcheur encore un peu rouillé et lourdaud (sans parler de ma surcharge pondérale accentuée par un hiver oisif).
La douce certitude que la truite va gober …
… quelle calme excitation nous envahit quand on est sûr que la truite va monter… ce plaisir que l’on a tout fait comme il faut :être là au bon moment, avoir su prendre le temps pour s’approcher travers de la position de la truite, en restant légèrement en aval. Ces instants sont magiques. On est tellement persuadé du gobage qu’on prend son temps, qu’on fait durer ce plaisir en attendant le gobage suivant pour poser sa mouche … au risque que la belle panthère ne remonte plus …
Elle a déjà gobé 2 ou 3 fois. Le temps est calme, il n’y a plus de vent, et ses gobages sont une des rares manifestations animales hormis quelques oiseaux, et un cormoran qui passe en faisant entendre le battement de ses ailes. C’est dire que tout est calme. Sale cormoran quand même …
Elle gobe, sure de son fait. Un beau poisson a priori. Je suis bien placé travers légèrement aval.
Deux lancers suffiront pour la faire monter. Un bon ferrage, elle est au bout ….
… et le restera 3 secondes, le temps de donner quelques coups de tête et de se décrocher. Même si j’aurai bien voulu la saluer, faire connaissance, elle préféra couper court à notre relation naissante. Un beau poisson je pense, quelle taille ? Au moins un 40, peut-être plus…. Pas grave ! l’essentiel du plaisir est là … pour moi … et le minimum de stress pour elle … Ne serait-ce pas le bon compromis ? … bref, j’ai encore décroché un beau poisson …
Des cendres continuent de tomber régulièrement du ciel. Un écobuage tout proche probablement.
Plus rien ne bouge, autant rentrer doucement. Je suis fourbu, mais relaxé. Quelle douce thérapie que notre passion halieutique.